Changement de programme à Pointe-à-Pitre…

Dimanche 12 Février 

Aujourd’hui, c’est notre dernière journée en Martinique ! Dans la matinée, nous allons visiter le mémorial de la catastrophe de 1902. 
Le 8 mai 1902, l’éruption du volcan de la Montagne Pelée détruisait toute la ville de saint Pierre et ses 28 0000 habitants ! Ce fut la plus grande tragédie de l’histoire Martiniquaise du XX siècle…. Après la visite, nous allons faire le plein de fruits et de légumes, dans un jolie marché authentique …

Lundi 13 Février 

Ce matin, départ pour l ile de la Dominique…à 15 h, nous arrivons au mouillage de Mero à l’ouest de l’île.  La Dominique fait à peu près la même taille que la Martinique et cependant  ici, la population est beaucoup plus pauvre et le tourisme de masse inexistant. C’est l’île la plus sauvage des Caraïbes. Dans le mouillage, il n’y a pas un seul bateau de location, seulement 5 caboteurs dont 3 que nous connaissons déjà …le monde des voyageurs des mers est un tout petit monde… Le soir, nous nous retrouvons tous dans un petit bar de plage, une modeste cabane tenue par  un dominicain adorable, sur fond sonore de Bob Marley…le dépaysement est total !Le barman nous concocte des cocktails de fruits frais au rhum dominicain.Le coucher de soleil est orange …. Et, pour une fois, les jumelles ont un copain de leur âge, Pablo !Pour elles, comme pour nous, c’est une douce et belle soirée …  Pendant l’apéro, nous discutons avec Theo : il a 25 ans et a traversé l’Atlantique seul avec son petit monocoque !! Il voyage en ce moment avec un ami et ils viennent de pêcher un marlin de près de 2 mètres !!Dans la soirée, il passe à notre bateau pour nous offrir un morceau de son poisson et, en échange, nous lui offrons des bananes … 

Mardi 14 Février 

Ce matin, à 7h30, je dors encore, lorsque Matthieu lève l’ancre … Au programme, 35 miles pour nous rendre sur l’île de Marie-Galante… Nous naviguons à 5 nœuds de moyenne sous Grand Voile et Génois.  On longe l Ile de la Dominique verdoyante avant d’apercevoir la belle île de  Marie-Galante ! Cette dernière dépend de la Guadeloupe; c’est un territoire d’outre-mer Français. On la surnomme la « Grande Galette », en raison de sa forme circulaire et de son terrain plat. Elle est parsemée de champs de cannes à sucre et d’anciens moulins. Dans l’après-midi, nous prenons l’annexe pour nous rendre à terre … L’île est particulièrement calme… une fois les ferrys venus rechercher les derniers touristes en visite pour la journée, l’île parait abandonnée… Tout est fermé et il n’y a plus personne dans les rues.  En nous baladant, nous croisons quelques familles : que des marins et, pour la plupart, que nous connaissons déjà ! Avant le coucher du soleil, avec les autres bateaux, nous prenons un verre « chez Henry » ici, c’est une institution ….Ti punch et planteur, les pieds dans le sable pendant que les enfants jouent tous ensemble sur la plage…. Finalement, c’est une soirée bien animée pour une île si paisible … 

Mercredi 15 Février 

Ce matin, nous nous levons à 7h30 pour visiter l’île toute la journée en voiture de location… Nous nous rendons d’abord « aux amis de l’Indigo «  pour participer à un atelier et découvrir les secrets des plantes à couleur naturelle !! Ici, Pierre nous transmet sa technique et sa passion pour l’indigo, un pigment naturel produit à partir de feuilles fraîches. Il apprend aux filles à teindre des tissus comme autrefois. C’est très ludique et le cadre est splendide : l’atelier donne sur l’eau, on descend une marche pour rincer les tissus dans l’eau salée,  ce qui permet de fixer la couleur. La production d’indigo naturel s’est développée ici, dans les Caraïbes, à partir de 1630. A l’époque, 125 indigoteries produisaient de l’indigo naturel pour les manufactures européennes… Ensuite, nous visitons une ancienne habitation sucrière, l’habitation « Roussel Trianon ».  C’est une des premières sucreries de l ile de Marie Galante, un lieu chargé d’histoire dans lequel on découvre les vestiges de l’habitation ainsi qu’un impressionnant moulin à vent qui servait à broyer la canne à sucre. De nombreux esclaves travaillaient dans cette exploitation. En 1790, sur 11 500 Galantais, 9400 étaient des esclaves !!! Nous visitons ensuite une distillerie d’un rhum mythique… La distillerie « Poisson »,  qui produit le rhum du père Labat, un grand homme qui a marqué l’histoire du rhum. Ce grand prêtre missionnaire, envoyé aux Antilles, aurait élaboré cette fameuse boisson alcoolisée pour soigner une fièvre. C’est pourquoi, la maison a décidé de lui rendre hommage en donnant son nom à son rhum…Les rhums venant de cette petite distillerie sont considérés comme étant les meilleurs au monde!! Le site est authentique et niché en pleine nature, c’est une des plus petites distilleries en activité : la canne à sucre est récoltée à la main pour être fraîchement broyée. Le processus d’élaboration de ce rhum est resté très traditionnel…Nous nous rendons ensuite sur un site naturel remarquable «  Gueule Grand Gouffre », un impressionnant gouffre à ciel ouvert qui laisse apparaitre la mer ! …
Et vers 14h, nous pique-niquons sur une plage paradisiaque avant de rentrer sur Ratatouille, pour une sieste bien méritée …. Comme d’habitude, notre petite Bianca s’est adaptée à notre rythme sans aucune difficulté. Je ne sais pas si c’est le voyage ou l’âge, mais je suis impressionnée par sa capacité à se caler à notre rythme, rythme qui change chaque jour en fonction de la où nous nous trouvons …

Jeudi 16 Février 

A 8h, nous sommes prêts à lever l’ancre, direction la Guadeloupe… mais l’ancre ne se remonte pas !!Le guindeau est bloqué ! c’est l’appareil qui nous permet de descendre et remonter l’ancre  automatiquement… Sans guideau, on ne peut plus immobiliser le bateau au mouillage!…du coup, on est obligé d’aller dans un port ou sur une bouée pour s’amarrer…
Matthieu sort sa trousse à outils …  30 minutes plus tard, après  avoir démonté une partie du guindeau pour comprendre le blocage, il demande à un de nos copains, Stéphane, qui se trouve sur un bateau voisin, de venir l aider .. Mais, même à deux très bons  bricoleurs, impossible pour eux de résoudre le blocage !!…
A 9h30, après avoir remonté plus de 40 mètres de chaîne à la main… nous hissons la Grand Voile,  direction Pointe à Pitre, capitale de la Guadeloupe…Nous sommes contraints de nous rendre dans un port pour faire diagnostiquer le guindeau …. Heureusement, nous nous trouvons à seulement 3h de nav du port….
Nous, qui avions initialement prévu un après-midi kite surf, baignade et déjeuner dans un lagon… nous devons totalement changer nos plans…! 
Je contacte la marina pour obtenir une place au port en urgence… 
Il n’y a pas de place avant au moins une semaine !!! … sauf que, sans guindeau, nous ne pouvons pas lâcher l’ancre … donc inconcevable de mouiller à côté du port….
Mais, heureusement pour nous !! à Pointe à Pitre, des bouées en accès libre, sont disponibles devant le port … Nous accrochons donc Ratatouille à la bouée…
En arrivant avec Matthieu, nous partons faire le tour de la marina pour trouver un technicien spécialisé dans les guindeaux …
C’est très compliqué car les plannings sont full et c’est férié Mardi et Mercredi en raison du Carnaval !!… Finalement, après des heures de négociations, nous parvenons à trouver un technicien pour demain matin… Il va falloir démonter l’intégralité du guindeau et le faire diagnostiquer dans un atelier. Il ne nous reste plus qu’à prier pour que la pièce à remplacer soit disponible ici ….
Le soir, avec Matthieu, nous nous octroyons un dîner en amoureux bien mérité !
C’est notre saint Valentin, avec deux jours de retard !!!….

Vendredi 17 Février 

Ce matin, à 8h, notre technicien Alex est sur le pont… Après plusieurs heures de démontage puis de diagnostic…nous apprenons qu’il faut remplacer une grosse pièce de l’appareil !!Et la pièce n’est évidemment pas disponible en Guadeloupe…
Mais, dans notre malheur, nous avons beaucoup de chance. Stéphane, un de nos amis bateau, fait un aller-retour de Pointe à Pitre vers La Rochelle demain…. Matthieu contacte le distributeur en France et fait livrer la pièce en urgence à la Rochelle… Elle devrait être expédiée dans la journée et arrivée lundi à destination. Notre ami sera à La Rochelle Mardi  avant de reprendre son vol vers la Guadeloupe Mercredi …Le remontage de la pièce manquante est donc prévue Jeudi matin… Si tout s’enchaîne comme prévu, nous seront bloqués ici  6 jours… Il y a évidemment pire que d’être bloqués en Guadeloupe ! Sauf,  qu’après avoir été immobilisés  plus d’une semaine au port du Marin en Martinique, nous étions impatients de repartir à l’aventure ! Dans l’après-midi, Matthieu va louer une voiture pour les 3 prochains jours Faute de kitter et nager dans les lagons, nous découvrirons  l’intérieur de « l’île d’émeraude »!!! Que nous avions déjà sillonné quelques jours, lorsque j’étais enceinte de Bianca !…
Le soir, nous profitons de la présence d’Alice, pour aller dîner à la marina avec nos grands amis de bateau, Anne et Stéphane, les « Dreams Life ». Nous nous sommes rencontrés sur l’île de Sal au Cap Vert et depuis, nous avons beaucoup navigué ensemble. Nous avons tissé avec eux des liens très forts. 

Samedi 18 Février 

Ce matin, après avoir récupéré la voiture avec plus d’une heure de retard, car oui, ici, il ne faut surtout pas être pressés….! Nous prenons la route en direction de Basse Terre. La route est splendide… de la verdure à perte de vue…le temps semble s’être figé dans la torpeur tropicale… Après 30 minutes de route, nous arrivons au Parc Zoologique des Mamelles. Les animaux (oiseaux, reptiles et mammifères) sont visibles dans des enclos aménagés au cœur de la forêt, recréant l’illusion d’un espace naturel. En nous baladant, nous avons la sensation de nous promener dans la jungle … On découvre essentiellement des espèces animales rares ou menacées … Il y a également un parcours ludique de sensibilisation à la préservation de la planète à travers l’importance de toutes les espèces animales !  C’est la première fois que je visite un zoo dans lequel les animaux sont dans leur élément naturel… Après la visite, nous déjeunons tous les 6, Matthieu, les filles, Alice et moi dans un petit restaurant créole traditionnel. 
Nous passons la fin de la journée et la soirée sur le bateau…

Ce changement de programme nous permet de découvrir l’intérieur de la Guadeloupe et, de nous poser un peu … Nous avons également retrouvé ici des amis bateau que nous n’avions pas revus depuis notre départ de transatlantique à Mindelo au Cap Vert…les « Black Pearl », c’étaient nos voisins de ponton à Gibraltar qui s’étaient fait attaquer par des orques et avaient dû repartir en France pour refaire faire leur safran !!!! Priscilla nous avait impressionnés par sa positive altitude… Quel bonheur de les retrouver ici avec leurs deux fils Gaspard et Jean qu’Alma et Victoire sont trop heureuses de revoir! Ils avaient beaucoup joué ensemble lors de notre séjour à Gibraltar.  Comme nous, les filles se sont attachées à de nombreuses personnes, depuis le début de l’aventure… A chaque fois que l’on recroise des familles sur notre chemin, pour elles, comme pour nous, c’est une très grande joie !!…

Bianca grandit beaucoup trop vite… elle n’est plus du tout le bébé que nous avions embarqué avec nous début juillet !!! C’est maintenant une petite fille, qui suit ses sœurs absolument partout, s’adapte à merveille à notre mode de vie… et acquiert chaque jour un nombre impressionnant d’habiletés et de nouveaux mots … C’est un grand luxe pour nous, d’être présents à chaque étape de son développement…

Alice, notre merveilleuse jeune fille au pair, qui navigue avec nous depuis maintenant presque deux mois, va nous quitter pour de nouvelles aventures, la semaine prochaine…Ce sera pour nous un nouveau départ, avec une nouvelle organisation. Nous nous sommes beaucoup attachés à elle… elle va évidemment nous manquer mais, elle fait partie des rencontres du voyage qui dépasseront largement les miles et les océans… Nous la reverrons à Paris.. J’espère que Bianca, qui passe sa journée à appeler « lice, lice, lice » ne va pas être trop perturbée par son départ….

Matthieu et moi, nous continuons à avancer, à nous adapter chaque jour à la vie de bateau, aussi fabuleuse que périlleuse, et à nous aimer, avec toujours plus d’intensité contre vent et marées!…